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« Le bonheur est une habitude, celle d'être heureux. »

mardi 28 juin 2011

Chronique de circonstance

« Chronique du règne de Félix Faure » fut publiée dans Le Centaure (volume deux) en décembre 1896 (p. 119-156). Ecrite pendant l'été, elle s'ouvre par une « Parade » drolatique, qui aura peut-être la chance de vous faire sourire, en ces journées décidément trop chaudes :



Parade.


MESDAMES ET MESSIEURS !  – 32° à l’ombre ! – Je n’aurais pas mieux demandé que de vous fournir ici une « chronique » remarquablement remarquable, mais … 32° à l’ombre ! Que puis-je faire ! Le gruyère sanglote – « sunt lacrymae rerum », pieusement fidèle aux intentions de Tœpffer, « Monsieur Vieux-Bois change de linge » ; il convient de dégonfler prudemment les pneumatiques chauds des bicyclettes, et ce n’est certainement pas ce soir que le bel Alfred de Vigny pourra cesser de rêver à « la chaleur du sein » – 32° à l’ombre ! Mon répétiteur de physique nous la resservait tous les ans : « La température abuse de la permission d’être ambiante ». « Ah ! s’écriait un personnage de Labiche, ce n’est pas pour me vanter, mais il fait bigrement chaud aujourd’hui ! »

Mesdames et Messieurs ! – voici sur ces fiches consciencieusement prises au soir le soir, des « notes » à la fois nombreuses et choisies. 

Il ne tiendrait qu’à moi, discernant savamment parmi la Futilité-des-Apparences, sélectant parmi tous les petits Faits divers ceux qui sont le Germe-Fécond des Choses-à-venir et ceux qui sont le Clair-Symbole des Choses-Passées pour les présenter – (Encore vingt centimes sur le tapis, s’il vous plaît, Messieurs et dames, et l’on commence !) – pour les présenter, dis-je, « sous un angle – d’Éternité ». Il ne tiendrait qu’à moi, reprenant l’histoire de ces trois mois écoulés, « fugit irreparabile tempus ! », de vous faire voir, en une Synthèse éclatante et ferme, le suggestif résumé des anciennes Évolutions de notre Humanité se mêler aux Promesses Vermeilles de ces Évolutions Futures … – (Plus que cinq centimes, du courage à la poche ! – Merci Madame ! N’en jetez plus, la cour est pleine !) – pour que la Leçon des Événements nous soit la Garantie- de- l’Avenir … 

Voilà comment que je la comprends, moi, la « Chronique Trimestrielle », c’est bien simple – mais … 

Mesdames et Messieurs ! J’ai trop chaud. Tant pis si l’on me gronde … Je vais vous servir quelques unes de mes petites notes « nature », et, s’il me faut une excuse, je l’emprunterai au Paludes d’André Gide : « Des notes ! oh lisez-les ! car c’est le plus amusant ; on y voit bien mieux ce que l’auteur veut dire … »

C’est la grâce que je me souhaite !

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